Pas moins de douze musiciens et interprètes devaient se caser sur la toute petite scène de ce lieu mythique des nuits rouennaises ( tu me remercieras plus tard Michel). Problème résolu en mettant les cuivres en première ligne, le chanteur, les choristes et le guitariste en deuxième ligne et le clavier, la batterie et le basse en ligne arrière et voilà notre petit régiment prêt à charger le public avec les plus pacifiques des armes, leurs instruments, leurs voix et leur talents. Un répertoire incontournable puisé dans ceux des plus grands ( James Brown, Aretha Franklin, Steevie Wonder, etc..) constituait leur arsenal.
La question qui se pose avant de les entendre et en voyant leur nombre est de savoir s'ils vont jouer en harmonie et si l'interprétation sera homogène. La réponse ne se fait pas attendre dès les premiers morceaux et nous rassure vite. Question d'autant plus inutile que sur les douze, neuf enseignent la musique.
Si vous voulez connaître leur noms et leurs rôles dans la formation, je vous invite à lire la chronique enthousiaste de mon bon ami Lucky Jean-Luc sur leur prestation du 29 mai 2004 dans ce même lieu incontournable de la culture rouennaise (qu'est-ce qu'il ne faut pas écrire pour se faire offrir un verre par le patron!).
Ces drôles d'ornythorinx, ( faites comme mézigue, chers lecteurs, demandez-vous pourquoi ce drôle d'animal des contrées australiennes est dessiné sur leurs affiches et pourquoi il est en platine... ouais, euh, ils auraient pu s'appeler les Silver Beavers ...ou les Gold Mustelides... par exemple... quoique les castors et les loutres fassent plus banals que les ornythorinx. Bon et puis il n'y a pas de quoi en faire tout un Plat...) ces drôles d'ornythorinx, disais-je, ont la fougue joyeuse de leur jeunesse, du plaisir à jouer, l'envie de faire bouger et la recette fonctionne plutôt bien. Une "cool, soul, stirring up music", de quoi raviver les piles de vos vibromasseurs pour mieux trémousser de l'arrière train.
Des cuivres bien présents, dont un sax ténor survolté qui envoyait sacrément et une rythmique omniprésente masquaient malheureusement la voix un peu faible du chanteur lead (on ne peut pas toujours avoir la voix d'Andrew Strong), celles des choristes et étouffaient carrément la guitare dont les solos étaient inaudibles et le clavier de ce fait trop discret. Les musiciens n'étaient pas en faute mais une balance impossible à régler correctement à cause de moyens techniques insuffisamment adaptés rendait la mission impossible au technicien son. Rassurez-vous, chers jeunes platypus plein d'avenir, cela n'a pas fait obstacle à la joyeuse frénésie du public ivre ( je veux dire "soul") du Bateau.
Remarquez, ne changer rien, une trop bonne balance qui laisserait exploser un chant brut de blues et des choeurs envoûtants, qui libérerait d'infernaux solis de guitare et des envolées pianistiques redoutables pourrait avoir des effets incontrôlables sur le public, pour peu que Nicolas Amène ne l'achève à coup de sax ténor. et ce soir là, j'entendrai mon ami Lucky doctement conclure au dessus d'une tartine de houblon à demi (de bière s'entend) entamée: "c'est une tuerie!"
Frère Toc
Photos : Frère Toc
29-05-2004
Platinum Platypus
Le Bateau Ivre
Rouen
Voilà bien longtemps que je n?avais eu l?occasion d?entendre et d?apprécier, dans notre belle région rouennaise, une formation, forte de 12 (jeunes) éléments (d?une moyenne d?age d?environ 25 ans), capable de restituer, avec un vrai engouement et une telle sincérité, ce répertoire festif et indémodable de Rhythm and Blues, de Funk et de Soul Music pérennisé notamment par les Commitments. Mais aussi, Aretha Franklin, James Brown, Tower of Power et consorts qui s?invitent résolument à la fête. En fait, cela nous ramène au début des années 90, à l?époque où Ligne de Soul chauffait à blanc toutes les scènes Normandes, Platinum Platypus en est indiscutablement le digne héritier.
A commencer par la qualité des cuivres (Nicolas Rouvroy au saxo alto, Nicolas Amène au saxo ténor, Sylvain Dubos à la trompette et Clément Malabeuf au trombone) aux arrangements ciselés et aux placements impeccables, nécessaires et primordiaux dans ce registre exprimé.
Une rythmique péchue (Giani Fourez à la basse et Damien Train à la batterie) sur laquelle se repose la guitare vibrante de Sylvain Fassio, le clavier percutant de Stéphane Coubray et le chant inspiré de Mathieu Pailloux. Soléne Leroy, Linda Patel et Estelle Morin (cette dernière bien présente en voix lead sur Chain of Fools) apportent, de leurs ch?urs chaleureux et sensuels, un soutien permanent et indispensable. Une maîtrise évidente, une homogénéité perceptible et une jovialité notoire qui engendrent l?envie irrémédiable de bouger son corps et le plaisir unique de frapper en rythme dans ses mains. Une chose est sure, çà fait du bien par où çà passe? Get up, get on up?